Toulouse Hackerspace Factory

Hacking 101

 

Pour cette 8e édition, qui aura lieu du 25 au 28 mai 2017, nous avons souhaité effectuer un retour aux sources et mettre en avant les principes de base de la «culture hackerspace». A la manière des cours d’introduction à une discipline dans les universités américaines, l’édition « Hacking 101 » (prononcez « One o One ») sera l’occasion de revenir sur les fondamentaux de la méthodologie adoptée au sein des hackerspaces :

FAIRE SOI MÊME : DIY (« Do it yourself ») est l’expression qui définit l’essence du hackerspace : construire, démonter, se réapproprier et détourner les technologies existantes, et ainsi être capable de réaliser des projets sans toujours avoir besoin de l’aide d’experts ou de professionnels.

APPRENDRE PARTAGER : rester ouvert et curieux, ne jamais cesser d’apprendre, partager ses travaux et ses connaissances. Les communautés hackers, makers et du logiciel libre ont pour habitude de documenter leurs projets, offrant ainsi une large quantité de tutoriels et d’articles utiles pour apprendre de nouvelles compétences ou lors de recherches bibliographiques.

QUESTIONNER EXPÉRIMENTER : se questionner soi même afin d’identifier ses propres biais ; ne pas hésiter à remettre en question un modèle ou un concept. Expérimenter, pour répondre à un questionnement ou pour le simple plaisir de la chose.

EXPLORER DES CHAMPS MULTIPLES : informatique, électronique, robotique, biologie, physique, mathématiques, philosophie, art,... la « culture hackerspace » est au croisement de plusieurs disciplines. L’exploration de ces divers champs permet d’enrichir ses connaissances, et donne lieu à l’apprentissage de compétences pluridisciplinaires.

S’ENGAGER : les hackerspaces s’engagent généralement à respecter les principes d’horizontalité et de neutralité. Formes de gouvernance, défense des droits et libertés sur Internet, politique et vivre ensemble sont des sujets largement débattus au sein de la communauté des hackers.

PERSÉVÉRER : il faut souvent plusieurs prototypes avant d’arriver au résultat attendu. Il est important d’être résilient face à l’échec, et de ne pas s’arrêter aux premières difficultés. Persévérance et détermination sont deux qualités essentielles dans tout projet DIY où très souvent le budget et les moyens sont limités.

La «culture hackerspace» a hérité ses principes de la méthodologie scientifique. Ce sont les fondamentaux nécessaires à l’exploration et à la résolution de problématiques dans de nombreux domaines communs aux deux communautés.
Le physicien et ingénieur en électrotechnique John BARDEEN (1908-1991) a joué un rôle majeur dans la (pré)histoire de la « culture hackerspace ». Co-inventeur du transistor (avec W. Shockley et W. Brattain), ses recherches sur les semi-conducteurs ont rendu possible la fabrication de la plupart des outils électroniques modernes. Seule personne du 20e siècle à avoir obtenu deux prix Nobel de physique (1957 et 1972), son style de travail est décrit par David Pines, avec qui il a travaillé 32 ans, dans les termes suivants :


« D’abord, se concentrer sur les résultats expérimentaux, par une lecture attentive de la littérature, et des contacts personnels avec les membres des principaux groupes expérimentaux.
Développer une description phénoménologique reliant les principaux faits expérimentaux.
Éviter ce faisant d’amener un bagage théorique préconçu, et ne pas chercher à ce que la description phénoménologique épouse un modèle théorique précis.
Explorer les descriptions physiques et mathématiques alternatives sans se sentir lié à une approche théorique particulière.
Utiliser des arguments thermodynamiques et macroscopiques avant d’attaquer des calculs microscopiques.
Se concentrer sur la compréhension physique, pas sur l’élégance mathématique. Utiliser la description mathématique la plus simple possible.
Se tenir au courant des développements et des techniques théoriques récentes, parce que l’un d’entre eux pourrait se révéler utile pour le problème qu’on est en train d’étudier.
Enfin, ne pas renoncer ! Rester sur le problème jusqu’à ce qu’on le résolve. » [1]


 
Si certaines remarques sont spécifiques à la culture scientifique, ces quelques mots présentent une méthodologie de pensée applicable bien au delà du cadre de la physique théorique. Ils font écho aux principes énoncés plus haut, et soulignent le lien étroit entre les deux cultures. Après tout, c’est au physicien William Higinbotham que l’on doit « Tennis for two », un des premiers jeux « vidéos », qui fut présenté sur un oscilloscope en 1958 au laboratoire BNL à Brookhaven (USA), bien avant le célèbre Pong [2].
 
[1] D. Pine, Physics Today, avril 1992, p. 66
[2] The First Video Game? https://www.bnl.gov/about/history/firstvideo.php