Myrys est situé au 66 ter de l'avenue Étienne Billières, en plein cœur de quartier de la Patte D'Oie, à Toulouse; pour y accéder, il faut passer sous un immeuble, habité, haut de plusieurs étages. On arrive dans une allée, longue 500 mètres environs. Sur les premiers 50 mètres, des voitures sont garées. Sur la gauche, les locaux récemment fermés d'un petit magasin de chaussures Myrys
Sur la droite, une caisse d'épargne, sur un étage seulement, avec une petite cour devant. Le reste de l'allée large de 20 m n'est accessible aux voitures que par l'avenue Adolphe Coll; des plots en béton en interdisent l'accès par l'avenue Étienne Billières, mais le passage est ouvert aux piétons, qui l'utilisent régulièrement pour passer de l'avenue Etienne Billières à l'avenue Adolphe Coll.
Dès que l'on a franchi les plots en béton, on entre dans le domaine proprement dit de Myrys.
Ceci est signalé d'ores et déjà par une vieille banderole en tissu (qui disparaîtra au mois d'avril) qui précise le nom de l'espace à la peinture noire. Une inscription vieillotte qui s'efface rappelle la première affectation des locaux à la production de chaussures «Capitole, marque déposée». Par dessus, de grosses lettres rouges en plastique ont un jour épelé MYRYS, mais aujourd'hui, il n'en reste plus que YRYS.
Partout des dessins à la peinture ou à la bombe, des inscriptions, d'auteurs différente visiblement d'époques différentes, tous à même les murs.
Le sol fut bitumé, mais la nature a pris des libertés avec lui, des touffes d'herbe poussent dans les interstices, de gros cailloux roulent sous les pieds.
Sur la gauche, un entrepôt très vaste, qui s'en finit rue Adolphe Coll. On pénètre à l'intérieur par une grande porte en fer peu épaisse, fermée par un cadenas qui lie deux trous dans la porte. Celle ci est recouverte d'affiches, de tracts collés, dont certains datent de l'an passé. A l'intérieur, l'entrepôt est visiblement partagé en trois espaces par des moquettes qui pendent, attachés aux hautes poutrelles. La première« salle» sert d'entrepôt à des œuvres qui ne sont pas en cours d'exposition, et à du matériel d'exposition divers. Elle n'est pas éclairée.
La seconde salle est celle proprement dite de l'exposition. Aucun dispositif n'est prévu pour les expositions : pas de panneaux, ni de structures d'un quelconque genre. La salle est vaste et éclairée. A droite de l'entrée, une table basse, qui sert de repose prospectus : en vrac, on trouve des informations sur le théâtre Garonne, la souscription, des activités artistiques à la Chapelle, à l'espace Saint Cyprien, des spectacles de danse.
A gauche de la porte, à l'entrée, un local (bocal) bleu, avec une grande fenêtre qui permet de voir l'intérieur: un tabouret en plastique, un tas d'affaires …
Devant ce bocal d'environs 10 m2 un bar sert à l'accueil. Y sont accrochés des textes poétiques non signés.
Au fond de cette vaste salle, il y a une scène, accumulation de matériaux de récupération. Juste derrière, une nouvelle tenture de moquette isole complètement la troisième salle et sert de salle de répétitions et de représentations de spectacles. Au sol un tapis, et à l'entrée, des chaises et bancs. En hiver, l'isolation semble n'avoir jamais été une priorité, il fait froid dans toutes ces salles dont la taille ne permet pas un chauffage à moindre coût.
Il y a derrière cet entrepôt une continuité, le bâtiment s'agrandit ; c'est l'ancienne usine de sous vêtements et le repaire des peintres, sur deux étages. Au rez-de-chaussée, se trouve le Labo lK, qui fait de la musique expérimentale ; on y trouve des instruments de musique, guitare, clarinette, violon, saxo et synthétiseur, et... des tubes et autres engins métalliques qui permettent de produire des sons peu usuels.
Au premier, le spectacle de l'atelier de travail des peintres est saisissant: le peintre qui arrive décore le bout de terrain qu'il va occuper. Cela donne un assemblage désordonné de couleurs et de formes diverses; partout, des œuvres s'amoncellent: toiles empilées contre le mur, sculptures posées par terre …
En traversant l'allée, de l'autre côté, sur la droite, il y a une succession de bâtiments, dont le premier est une maison, une habitation aujourd'hui occupée par des sans papiers-sans logis
Un escalier en fer permet d'accéder à une porte en bois au premier étage. C'est l'ancien logement de fonction du gardien qui assurait la surveillance des locaux et s'occupait de l'ouverture et fermeture de la grille qui isole l'usine de l'avenue Adolphe Coll. La traversée du passage Myrys est une copropriété entre la mairie et les propriétaires, ce qui exige que le passage soit laissé ouvert à la libre circulation des habitants du quartier.
En novembre, lorsque nous avons commencé l'enquête, la grille était fermée; aujourd'hui, elle est rouverte au passage.La maison est accolée à un grand hangar dont la taille, la hauteur des plafonds et l'utilisation rappellent un gymnase. En entrant par une porte verte béante, on trouve des toilettes, dans un état délabré.
A travers la tenture qui tient lieu de 'cloison entre cet espace et la grande salle (le gymnase), des murs très hauts couverts de peintures qui stigmatisent le règne de l'argent roi et la prédominance de la pensée occidentale, abritent une petite scène, entourée de rideaux noirs.
C'est ici que les artistes du cirques travaillent ; les tapis au sol servent aux exercices de souplesse, à l'atelie de danse contemporaine du Geste Sensible.
En rebroussant chemin, le regard tombe sur ce qu'un voisin malveillant avait désigné de« tas d'ordure» et qui est en fait une exposition extérieure : un damier grandeur nature, composé de morceaux de couleurs noir et blanc, avec, dessus, des sculptures faites d'objets de récupération, qui représentent les différents pions de l'échiquier.
A gauche, un semblant de potager ou poussent quelques plants de tomates au milieu de carrés de pelouses desséchées et d'arbrisseaux. A droite, un tipi, construit contre le mur des voisins, d'où sort de la . fumée. L'arrivée du printemps a vu disparaître tipi et exposition.
A gauche encore, il y a sous un « garage » composé de 3 murs recouverts par une bâche, un salon fait de banquettes de siège auto. Cet espace est appelé« des mers d'art».
Tournant le dos à ce jardin, se trouve une coursive qui passe devant des ateliers, petites pièces en béton qui ont le grand privilège de posséder des cadenas ; ces ateliers peu éclairés abritent des sculpteurs, leurs outils et un foisonnement de pièces de bois, de métal, sculptées ou en passe de l'être.
En enfilade se trouvent deux préaux qui abritent des épaves, des objets encombrants et hétéroclites dont personne ne veut aujourd'hui, mais qui pourraient bien servir à quelque créateur un jour. Ils servent parfois aux sculpteurs pour leurs soudures et ouvrages de fonderie
La coursive, en faisant un coude, mène à droite à l'autre entrée du gymnase, et à gauche à un bâtiment qui abritait jadis des tâches administratives; à l'intérieur, des sacs de couchage attestent de l'utilisation qui en est faite. Au premier, au fond d'un couloir, une salle baptisée le théâtre
Blanc abrite du flamenco.
Par un gros trou dans la porte (pour y faire passer un cadenas) on aperçoit une piste de danse, un plancher. Toujours au premier étage, une terrasse, qui donne sur une autre partie de bâtiment ; à travers une vitre fumée, elle révèle des couchages superposés.